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Yazid Oulab présente sa nouvelle exposition « La flamme germe » à la Galerie SELMA FERIANI en Tunisie.

Exposition jusqu’au 23 avril 2022.

En conversation avec Yazid Oulab

Un rapport imagé à l’apprentissage

Ayant grandi dans les bras de sa grand-mère, les premières bribes picturales qu’a vu Yazid étaient ses tatouages amazighs. Elle était sa grotte et son berceau qui l’a initié à l’image à la fleur de l’âge. Ayant grandi face à la ligne, le point et leur croisement, son rapport à l’ap- prentissage était bien complexe mais fortement imagé et imaginatif. L’image s’est trouvée construite et ancrée dans sa rétine bien avant qu’il ne débarque à l’École des Beaux-Arts, qu’il a rejoint à l’âge de vingt-deux ans. Et si les lettres étaient bel et bien des dessins ? Un “A” pour- rait être un poisson avec un point manquant et le “B”, c’est l’unisson de deux anneaux et un trait.

Un chemin nullement arbitraire, balisé dès son berceau maternel, de l’école primaire qu’il a perçu en forme et géométrie jusqu’à l’école où on apprend à dessiner et
à peindre à temps plein. Il s’est donné les moyens pour pousser son apprentissage à bien, de l’Algérie, Paris puis Luminy à Marseille. Un contexte plutôt familier pour une personne qui a grandi dans la campagne avec l’œil qui porte très loin.

Approcher la sphère, le cône et le cylindre

Dès son arrivée en France, l’histoire des concepts commence à se poser, réfléchir la poïétique des choses, leur sens premier et figuré.

Une fois, ils lui ont posé la question “comment tu t’exprimes à travers un arbre ?”. Ce fut le point de départ des questionnements pour réfléchir d’où il vient, son contexte et le commencement de toute chose. La réponse détient des racines généalogiques qui deviennent par la suite le fondement de sa recherche formelle.

Issu d’une famille intellectuelle et ouvrière, il allie à la fois la littérature et le travail de la matière. S’il devait donc symboliser ceci par une image ; alors il a simplement trouvé le clou qui réunit écriture et labeur. Un lien, un ancrage et une fixation qui lui permet de s’accrocher à l’histoire de l’art universelle.

“Ce qui est intéressant dans le clou, c’est qu’il tire de l’histoire de l’art et de l’énergie de la création. Cézanne, le père de la modernité, pense qu’il faut traiter la nature par la sphère, le cône et le cylindre. Et si ces objets se mettaient en action ; la sphère peut inscrire la courbe et le cylindre quand il est couché, dessine une ligne et le cône quand il tourne dessine un cercle.”

 

De la ligne, à la courbe au cercle, Yazid Oulab est partie donc puiser dans sa culture arabomusulmane, dans le coran qu’il considère comme référence littéraire et scientifique. Et plus particulièrement d’une surate fondamentale qui commence avec “Alif, Lam, Mim”. C’est du cône, du cylindre et de la sphère que se dessinent ces lettres, tout comme le clou. “Et si on contemple tout cela, on aurait tout compris. Je ne fais que constater les formes et le geste des créateurs. Ce qui m’intéresse, c’est d’aller toujours vers la source et le commencement.”

Penser l’objet en geste et en géométrie tel était la manière de Yazid Oulab d’aborder ses œuvres. Il pense le geste dans la littéralité de sa définition, œuvrer et faire œuvre vont de pair dans son approche. En se basant sur sa culture qui tient sur l’action et la littérature en dessinant un lien ancré par un clou de l’écriture cunéiforme, vers le geste de l’ouvrier qui construit avec ses outils où l’outil même est à la fois objet et sujet de création. De l’écriture en creux avec une perceuse sur un papier fragile ou du fil barbelé traçant des mots, il brouille l’utilisation de matériaux brutaux dans des installations qui dressent le rapport entre le signifiant et le signifié.

La Flamme Germe

La flamme germe détient ses racines d’un bourgeon d’événement qui a bouleversé le monde, d’un geste invisible qui a décidé du cours de la terre entière. Au moment d’arrêt, la nature ne fait que revenir vers elle-même, à se plier et à chercher au fond de son noyau.

À chercher la source de toute chose, Yazid Oulab s’est retourné vers la physique quantique ; le fait de plier signifiait retracer le commencement et retrouver la source. Dans sa quête du noyau, en s’accrochant à l’histoire de l’art, les moines voyageaient, ils emportaient leurs manuscrits conservés par des pochettes en cuir. L’objet intellectuel, renfermant les premiers jets les plus fragiles, fut tout le temps préservé par une couche protectrice et transporté comme un baluchon.

Le questionnement de la littéralité des gestes et leur interaction est un fondement dans le travail de Yazid Oulab. Cet objet qui voyage qui sert à recevoir la pensée de son détenteur est toujours enfoui sous mille est un pli de mots, de lettres et protégé par du tissu. Dans un rapport dichotomique à l’objet enveloppé et son enveloppe, la miniature perse
fut enveloppée par la peinture. En déployant, le rapport de cause à effet le travail de la terre, se fait avec des outils et si les outils germaient de la terre elle-même. L’outil devient lui-même fait de terre, la matière qu’il devait travailler.

La flamme naît de la germination, germé l’outil et l’outil lui-même devient matière à penser et matière à travailler. Le texte dans notre cas sert de graine, d’élément fondamental dans notre culture qui à la base s’élève des lettres ; du “Alif, Lam, Mim”. “C’est la façon dont on pense l’écriture, c’est comme si l’univers entier est fait de corde, selon la théorie des cordes. L’écriture, c’est des petites lignes, des petites cordes où les mots et les phrases sont renfermés dans l’univers”.

Dans la même optique de l’énergie de création
ou même d’un phénomène quantique, qui dresse du sens, le jet originel et intellectuel. Préservé par cette couche de peinture, non pas pour l’orner, mais pour l’envelopper et donner sens à son image extérieur sans besoin de lecture littérale, mais plutôt d’un geste radical à l’instar d’un ouvrier qui d’un geste ferme définit l’objet signifié.

Ce texte est l’issue d’une conversation avec Yazid Oulab autour de son exposition personnelle « La flamme germe,2022 » Salma Kossemtini

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Diptyk : Yazid Oulab, un artiste sur le fil

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