La vie et l’œuvre de Philippe Druillet ont depuis toujours été forgés par cette conviction. Ses compositions révolutionnaires caractérisées par un trait nerveux sont peuplées d’anti-héros obscènes, de guerriers spatiaux sans pitié, de créatures fantastiques difformes et d’architectures galactiques, gothiques et démesurées. Créateur boulimique, il enfante des êtres venus de mondes obscurs et abyssaux sur tous les supports à sa portée, que ce soit des planches de BD, des affiches de films, mais aussi des tableaux, du mobilier, des sculptures ou de la 3D.

À la fin des années 1970 il réalise ainsi une petite sculpture de guerrier, froid et figé dans son armure de métal, prêt à se réveiller d’un sommeil ancestral pour mener bataille. Itaï, c’est son nom, gardien du temps immobile, nous scrute en silence de son regard perçant. Sa silhouette évoque celle de Vuzz, aventurier cynique et fou, qui aurait été pétrifié sous un mausolée d’acier. Esthétisé par des courbes pures, le téméraire s’anoblit. Débarrassé de son enveloppe charnelle il devient alors impénétrable, insondable et mystique, tel un dieu d’une religion oubliée, un fétiche, un totem, un emblème.